L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a récemment mis un terme au débat sur l’éventuel lien entre l’utilisation des téléphones portables et le cancer. Après des années de spéculation, une étude commandée par l’OMS conclut qu’il n’existe aucune preuve tangible que l’exposition aux ondes électromagnétiques, même en cas d’utilisation prolongée des smartphones, augmente le risque de cancer, notamment le cancer du cerveau.
Cette question a suscité des inquiétudes depuis l’apparition des téléphones mobiles il y a plus de 50 ans. Les smartphones, omniprésents dans notre quotidien, émettent des ondes radiofréquences, un type particulier d’ondes électromagnétiques. Ces ondes, utilisées pour transmettre des appels ou des données, sont également générées par d’autres technologies comme le Wi-Fi ou le GPS. La crainte persistante était que ces ondes, en étant absorbées par le corps humain, puissent déclencher des cancers ou d’autres maladies graves.
Pour parvenir à cette conclusion définitive, un groupe d’experts européens a passé en revue un vaste ensemble de recherches scientifiques accumulées sur plusieurs décennies. Ils ont analysé plus de 5 000 études publiées depuis une trentaine d’années, en se concentrant particulièrement sur les études qu’ils ont jugées les plus pertinentes et qui réunissaient environ 265 000 participants. Leur analyse n’a montré aucune augmentation du risque de cancer, même chez les utilisateurs intensifs de smartphones, ou chez les enfants, une population parfois jugée plus vulnérable. Ils n’ont relevé aucun lien entre l’utilisation prolongée du téléphone mobile et des maladies comme la leucémie ou le cancer du cerveau.
L’étude marque un changement par rapport aux conclusions précédentes du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’OMS, qui avait classé en 2011 l’exposition aux ondes radio comme « potentiellement cancérogène » pour l’homme. À l’époque, cette classification reposait sur des preuves limitées provenant d’études observationnelles. L’un des auteurs de la nouvelle étude, Ken Karipidis, souligne que certaines des premières recherches sur le sujet étaient biaisées. Ces études comparaient des individus atteints de cancer à des personnes en bonne santé, créant ainsi un biais puisque les malades avaient tendance à surestimer leur exposition aux ondes.
L’étude actuelle se distingue par l’inclusion d’échantillons plus représentatifs et par une méthodologie plus rigoureuse. Les experts estiment que ces nouvelles recherches apportent une vision plus claire et objective, confirmant l’absence de lien direct entre les ondes radiofréquences des téléphones mobiles et le cancer.
Les résultats montrent également que les antennes relais, qui transmettent les appels et les données, ne représentent pas de danger pour la santé. Au contraire, l’augmentation du nombre d’antennes peut même réduire la quantité de rayonnement émis par les téléphones, car elles nécessitent moins de puissance pour transmettre les signaux sur de courtes distances. Par ailleurs, les réseaux mobiles de nouvelle génération, comme la 4G, produisent des niveaux d’émission de radiofréquences nettement inférieurs à ceux des anciennes générations. Bien qu’il n’y ait pas encore d’études significatives sur la 5G, des recherches sur des technologies similaires comme les radars, qui utilisent des fréquences élevées, n’ont montré aucun risque accru.
Cependant, bien que les résultats de cette étude soient rassurants, certaines précautions sont tout de même recommandées. En France, l’Institut National du Cancer (INC) suggère quelques mesures pour réduire l’exposition aux ondes, même si le risque semble négligeable. Par exemple, il est conseillé d’utiliser un kit mains libres ou de limiter la durée des appels, surtout dans des zones où la réception est mauvaise, car le téléphone émet alors plus d’ondes pour compenser la faiblesse du signal. Ces précautions visent surtout à limiter l’exposition des enfants, qui, à long terme, pourraient être plus sensibles à de potentiels effets néfastes des ondes électromagnétiques.
L’INC rappelle également qu’une utilisation excessive des écrans, notamment des smartphones, peut avoir d’autres conséquences sur la santé des jeunes, en favorisant la sédentarité et en ayant des effets sur leur bien-être mental. Ces effets incluent des troubles de l’attention, des troubles du sommeil et une augmentation de l’anxiété.
En somme, bien que l’OMS ait clairement établi que les téléphones portables ne sont pas cancérigènes, il est recommandé de continuer à faire preuve de modération dans leur utilisation, notamment pour les enfants, en raison des autres risques liés à l’usage intensif des écrans. Le message clé de cette étude est donc rassurant: il n’existe pas de lien avéré entre les téléphones mobiles et le cancer, mais il est toujours bon d’adopter une utilisation raisonnable des nouvelles technologies.