La technoférence correspond aux distractions numériques qui nuisent à la relation parent-enfant. Le fait que des parents passent du temps sur leur écran au lien d’interagir avec leur enfant en est une manifestation. Dans cet article, nous allons analyser une publication allemande pour comprendre comment la technoférence influence le comportement numérique des enfants. Cette étude longitudinale est encore en cours de réalisation, les résultats ne sont donc pas définitifs, leur interprétation doit être prudente. Cependant, les données récoltées sont pour l’instant suffisamment éloquentes pour attirer l’attention des parents ou futurs parents.
On vous explique.
Dans notre monde hyperconnecté, les écrans font désormais partie de notre quotidien, que ce soit à la maison, au travail, ou même lors des interactions sociales. Mais qu’en est-il pour les tout-petits? Une étude allemande encore en cours, nommée « Sans écran jusqu’à 3 ans » (« Screen-free till 3 »), se penche sur l’impact de l’exposition aux écrans chez les enfants de moins de trois ans. L’objectif ? Comprendre comment le temps d’écran et le temps passé dans la nature influencent leur développement. Voici un aperçu des résultats et des recommandations clés.
Contexte et Objectifs de l’étude
Les écrans sont partout et de plus en plus jeunes y sont exposés. Or, selon l’Académie américaine de pédiatrie, les enfants de moins de 18 mois ne devraient pas du tout être exposés aux écrans, et ceux de 2 à 5 ans devraient se limiter à une heure par jour. Pourtant, en Allemagne (comme en France), les jeunes enfants passent souvent bien plus de temps devant les écrans. Les conséquences de cette exposition excessive sont loin d’être anodines : troubles du sommeil, retards de langage, problèmes d’attention et, même, risques d’obésité.
L’étude « Sans écran jusqu’à 3 ans » a donc été lancée pour inciter les parents à réduire l’exposition des enfants aux écrans en distribuant des autocollants rappelant cette recommandation dans les carnets de santé des enfants lors des visites pédiatriques. Cette phase de « baseline » ou « point de départ » de l’étude visait à comprendre les habitudes d’écran et de loisirs de près de 4 000 familles allemandes avec des bébés de 5 à 7 mois.
Les Premiers Résultats de l’Étude :
L’étude a mis en lumière des tendances préoccupantes et d’autres plus encourageantes en matière de comportement face aux écrans.
1. Le temps d’écran chez les parents et les enfants.
– Les parents et les écrans : Plus de la moitié des parents interrogés déclarent passer une heure ou plus par jour sur leurs écrans en présence de leurs enfants. Or, il semble que cette exposition ait un impact direct sur les tout-petits : plus un parent utilise des écrans devant son enfant, plus ce dernier est susceptible de passer du temps sur des appareils électroniques.
– Les enfants devant les écrans : Bien que 80% des parents disent que leurs enfants de moins de sept mois n’ont aucun temps d’écran, environ 17% admettent que leurs bébés sont exposés aux écrans jusqu’à 30 minutes par jour. Cela peut paraître faible, mais pour des enfants si jeunes, chaque minute devant un écran est susceptible d’avoir un effet sur leur développement.
2. Les effets de l’utilisation problématique d’Internet chez les parents.
– L’étude utilise une échelle d’usage compulsif d’Internet pour évaluer les habitudes numériques des parents. Les résultats montrent que 16,7% des mères et 31% des pères atteignent des scores qui indiquent un usage potentiellement problématique. Cet usage problématique des écrans est aussi associé à des habitudes de consommation d’écran plus élevées chez leurs enfants. Une corrélation semble donc exister entre l’addiction des parents aux écrans et les difficultés de développement observées chez leurs enfants.
3. Écrans et développement des enfants.
– Les enfants exposés à des écrans de manière précoce montrent, selon cette étude, des retards dans des aspects cruciaux de leur développement. Des compétences comme le soutien de la main, la vocalisation en réponse aux autres, et certains comportements sociaux sont plus faibles chez les enfants dont les parents utilisent fréquemment les écrans en leur présence. En revanche, les enfants qui passent plus de temps dehors semblent mieux se développer sur le plan moteur et social.
– La nature comme alliée du développement : Passer du temps à l’extérieur apparaît comme un facteur protecteur. Les enfants qui profitent davantage des jeux en plein air affichent des compétences plus solides, tant sur le plan physique que social. Ces résultats confortent l’idée que la nature peut contrebalancer certains effets négatifs de l’exposition aux écrans.
Analyse et Réflexions
Les conclusions de cette étude confirment ce que beaucoup soupçonnaient déjà : l’utilisation excessive des écrans dans les familles a un impact direct sur les jeunes enfants. Plus les parents sont dépendants aux écrans, plus leurs enfants risquent d’être eux-mêmes exposés et d’en subir les conséquences. Les chercheurs suggèrent que cette exposition limite les interactions parent-enfant et perturbe le développement affectif et social des enfants.
Les données de l’étude montrent également que le temps passé dans la nature est essentiel. La nature semble offrir des bénéfices que les écrans ne peuvent pas reproduire, notamment en matière de motricité, de socialisation, et de développement émotionnel. En passant du temps à l’extérieur, les enfants acquièrent des compétences clés pour leur développement global, des interactions sociales à la régulation émotionnelle.
Limitations de l’Étude et Perspectives
Bien sûr, comme dans toute recherche, il existe des limites. Cette étude est basée sur des données auto-déclarées, ce qui peut entraîner des biais. Les parents pourraient sous-estimer ou surestimer le temps passé devant les écrans, et les familles ayant des habitudes d’écran excessives pourraient avoir été moins enclines à participer. De plus, cette étude est encore en phase de baseline, donc d’autres résultats viendront compléter ces premiers constats dans les années à venir.
Vers un usage conscient des écrans pour nos enfants.
L’étude « Sans écran jusqu’à 3 ans » appelle à une prise de conscience collective : les écrans ne sont pas sans conséquences, surtout pour les jeunes enfants. Limiter leur usage et privilégier des activités en plein air pourraient être des éléments clés pour favoriser un développement plus harmonieux. Les tout-petits apprennent en imitant les adultes qui les entourent; ils ont besoin de contacts réels, de moments d’échanges et de découvertes sensorielles que les écrans ne peuvent remplacer. Finalement, les écrans, bien que séduisants et parfois pratiques, ne devraient pas empiéter sur ces précieux moments de la petite enfance. Alors, si vous êtes parent, pourquoi ne pas vous lancer dans le défi du “Sans écran jusqu’à 3 ans” et profiter des bienfaits que la nature et les interactions humaines peuvent apporter à vos enfants ?